Remix

Que veut dire rip ? (1.1) Poésie va pas tous mourir (0) Rafael Ribas

Rafael Ribas est graphiste et dessinateur de caractères indépendant. Il a étudié à la HEAR Mulhouse puis en DSAA design typographique à l’École Estienne. Il poursuit au post-master de l’ANRT le programme de recherche intitulé Halbgotische, Gotico-Antiqua, Fere-Humanistica : entre gothique et romain. Ce programme de recherche étudie les caractères typographiques créés en Allemagne, en Italie et France au XVe siècle dont la morphologie échappe aux types gothiques pour préfigurer le romain. Le programme a permis d’identifier un important corpus de ces caractères « Gotico-Antiqua », gravés en grande quantité entre 1459 et 1482, dont une partie fait l’objet d’une réhabilitation numérique.

Couverture de la revue RIP 23 contributions, scindés en 121 fragments, eux-mêmes catégorisés en 42 figures. Permettre la lecture des textes, la lecture des contributeurs, le lecture des fragments et la lecture des figures. Dessiner les diagrammes, les plateaux, les juxtapositions, les superpositions de l’ensemble, et des ensembles. Associer le distinct, distinguer l’anonyme.

23 contributions pour autant de positions. Positions-repères, non seulement dans le continuum du corps de la revue, mais surtout sur la constante double-page-plateau. Sommaire distributif De ces positions, disposées en diagonale et par ordre alphabétique nominal, débuteront tous les fragments d’un même contributeur, sur une largeur de colonne fixe. Détails de distributions spatiales des fragments de textes

Si les contributions d’auteurs contigus se rencontrent, le nouveau texte contraint spatialement le texte précédent. Détails de distributions spatiales des fragments de textes Jusqu’au cas extrême où les textes doivent se succéder, selon ce même ordre Détails de distributions spatiales des fragments de textes Deux auteurs font exception au dispositif. Michel Butel dont le texte est disposé sur le rabat, en prélude, et en hommage. Exception distributive Butel Et Claude Closky dont la contribution est distribuée au hasard parmi les figures et traverse les colonnes. Exception distributive Closky

Ce déploiement spatial répond à plusieurs nécessités. C’est d’abord, et avant tout, le moyen d’abandonner le nom des contributeurs au seul rabat, tout en les identifiants de manière forte et absolue par latitudes et longitudes. La position étant ainsi privilégiée au folio comme repère de navigation. C’est aussi ouvrir la possibilité à une infinité d’agencements, aux textes de se rencontrer, de se fondre, de se couper: organiser un espace, qui s’organise lui-même de façon multiple. Les exceptions viennent quant à elle souligner les rouages du système et en dénoncer les limites.

121 fragments divisés en figures-chapitres, qui rassemblent un nombre déterminés de fragments. Ceux-ci peuvent être utilisés pour plusieurs figures. 4 photographies et 3 dessins sont intégrés comme fragments, et sont ainsi contraints spatialement de la même manière que les textes. Intégrations iconographiques Chaque fragment est désigné par un numéro, selon l’ordre alphabétique du nom des contributeurs, et le nombre de découpe dont le texte a fait l’objet. Sommaire distributif

Le numéro de fragment ouvre le texte Détails de distributions spatiales des fragments de textes et se retrouve attaché au folio Détails de distributions spatiales des fragments de textes et à la carte des contributeurs située dans le rabat de couverture. Sommaire distributif Si le fragment est répété dans une autre figure, le folio de l’écho est signalé à la suite du numéro. Détails de distributions spatiales des fragments de textes

La fragmentation de la page suit la fragmentation des textes. Le blanc domine, les paroles en émerge. Discussions, conflits, accords, censures. La contrainte et ses conséquences sont plus que manifestées, elles sont matrices. Les fragments sont distribués par figures, mode de lecture favorisé, mais le système positionnel et numérique permet de retrouver, dans l’ordre, l’intégralité du texte d’un contributeur.

42 figures dont chaque entrée est signalée par une définition, composée à la verticale et en corps supérieur. Composition verticale des définitions de figure Le contenu commissarial est ainsi distingué du contenu auctorial. Le sommaire – disposant les figures aux positions où elles apparaîtront plus tard. Positionnement des figures en sommaire Les titres courants (les figures) et le folio, sont donc aussi composés à la verticale, dans des corps différenciés. Les deux derniers sont assortis des numéros de fragments présents sur le plateau et placés dans le grand fond, afin d’optimiser les sauts de lecture.

Les figures, englobent et se partagent les fragments. Elles sont les notions définies, qui à leur tour définissent les fragments. Cette autorité sur le contenu est balancée visuellement de deux manières. Pas de pause entre elles, le corps de la revue est indivisé. Pas de page dédiée, elles font partie du terrain, elles le balisent seulement par l’entrée et le titre courant.

Ces dispositifs, qui tout en offrant les repères nécessaires aux reconstitutions, nient l’ordre des textes, anonymisent leurs auteurs, et tait les sections, ont vocation à pourvoir à l’autonomie du lecteur. Celui-ci, en pleine autorité, choisit son chemin parmi les multiples possibles, agence le texte à son tour, à volonté. Il re-dé-construit le volume, à chaque fois qu’il ouvre le volume. RIP (1.1) est une tentative de donner à faire l’infini, en équilibre.

RIP est une revue annuelle critique et clinique de poésie, proposée par Antoine Dufeu & Frank Smith. Chaque numéro de RIP se décline sous la forme d’un ouvrage papier, disponible six mois plus tard sous une version numérique « répliquée ». La réplique, basée sur une approche de relecture, est entendue ici tel un retour sur l’avant.